« Je
ne crois pas à toutes ces histoires, nous en avons déjà discuté
plusieurs fois et je ne te crois pas. Moi ce que je sais c'est que ça
fait des lustres que nous sommes ici, sinon comment expliquer que
nous en soyons là. Tu ne comprends pas, comment expliquer que nous
avons une civilisation si avancée et un royaume en place si nous
n'étions pas là depuis toujours. Tes théories ne sont que des
frasques mon frère, et je suis désolé de briser là tes rêves de
surnaturel et d'histoires aussi abracadabrantes les unes que les
autres.
—
C'est toi qui ne veux pas comprendre, tête de pioche que tu es.
Je ne me base pas sur des faits farfelus, mais sur des preuves.
—
Des preuves ? D'accord, je suis prêt à te croire mais si
tes preuves sont solides, parce que jusque là je ne te crois pas le
moins du monde. »
Prise
de territoire
Il y a
quelques semaines j'étais à Berbarak au fin fond de Sombreplaine,
car c'est là qu'Enguerran de Lamarche a fait transférer les
archives de Castel-Moîran. Il m'a fallu jouer des pieds et des mains
pour y avoir accès. Finalement la perspective d'avoir une personne
sachant lire et capable de les aider à classifier cette masse
incroyable d'écrits les a persuadé du bien fondé de ma demande.
C'était
culotté de ma part, mais l'essentiel était de parvenir à mes fins,
et je n'ai pas été déçu. Quoi que... la famille Lamarche n'a
jamais été très ordonnée et les archives avaient plus l'air d'un
tas d'immondices qu'autre chose. Ma première semaine fut donc
totalement consacrée au rangement, ce qui ne fut pas une mince
affaire. Mais ça t'importe peu je vois.
Donc
une fois enfin rangées ces archives s'avérèrent inestimables par
leur contenu. Ecoute bien, car comme tu le sais, nous avons peu
d'écrits à propos de notre passé, nous nous transmettons nos
traditions, nos coutumes et nos histoires de façon orale. Hors, j'ai
fini par faire main basse sur un ensemble de longs rouleaux de tissus
brodés, dessus nul paysage ou de quelconque fleur, mais des
écritures. J'ai soigneusement noté toutes les phrases d'une langue
extrêmement proche de la nôtre. J'en conclu donc qu'il s'agissait
là de notre langue telle que parlé autrefois. L'auteure, une femme
que je crois être une ancêtre de la famille de Coeur-Vaillant,
racontait là comment sa famille et celles d'autres personnes qu'elle
ne cite pas vraiment, décidèrent de partir vers l'ouest. Tu te
rends compte ? C'est le récit de leur périple qui se déroulait
là devant mes yeux au travers de cet incroyable témoignage !
J'y appris qu'une décision importante avait été prise par ces
personnes : conquérir ces terres pour s'y installer. Mais au
fil de leurs voyages ils se sont rendus compte qu'il n'y avait rien à
conquérir, parce qu'il n'y avait personne à vaincre pour cela.
Prospérité
Puisqu'il
n'y avait aucune résistance de qui que ce soit, les familles se sont
réparties les terres pour s'installer. Cela prit des années avant
que toutes aient trouvé le meilleur endroit pour s'établir. Une
nouvelle terre pour une nouvelle vie. Les familles prospérèrent
rapidement, développant la culture et l'agriculture, bâtissant
d'immenses châteaux et de magnifiques cités.
Le
texte de cette ancêtre de la famille Cœur-Vaillant disparu quelques
temps après sa découverte par Aymar le Preux. L'érudit ne put
justifier ses dires et perdit toute crédibilité, sa théorie fut
alors rejetée au profit de la version qui reste encore aujourd'hui
officielle : les hommes ont toujours habité la terre de Ciùn.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire