Au
crépuscule de ma vie, il est temps mon cher Séverin d’aborder la
dernière des légendes concernant notre civilisation. En tant que
Bumbog, tu te dois de perpétuer ce que m’ont légué nos
prédécesseurs. Et, si je te la raconte en ce jour, ce n’est pas
parce que tu n’en étais pas digne, au contraire, ni même parce
que cette histoire n’est pas importante. Mais en raison de la
tradition de notre ordre. J’avoue avoir un problème envers cette
procédure qui nous impose de terminer notre service de Bumbog par
cette légende car beaucoup d’entre nous sont morts sans l’avoir
transmise. A ma connaissance, il ne reste qu’une poignée d’entre
nous au fait de cet événement fondateur de notre civilisation que
nous appelons Exode.
Le
déclencheur
Je
vais commencer par le commencement et donc par une révélation. Nous
autres habitants de la Terre de Ciùn ne sommes que des expatriés,
des fugitifs. Oui, tu as bien entendu : nous ne sommes pas
originaires d’ici mais d’au-delà de l’atlas du croissant de
lune, de pays dont nous avons même perdu les noms. Je pourrais bien
dire le sacro-saint « Il était une fois », mais nous ne
sommes pas là dans un conte de fée Séverin mais plutôt dans la
dramaturgie d’une histoire sombre, d’un passé douloureux. Quand
cela s’est-il passé ? Je n’ai pas la réponse exacte à
cette question, mais j’aurais tendance à dater le déclencheur à
deux siècles, mais l’important n’est pas le moment, mais la
nature. Le nom du phénomène est limpide, l’Exode, une migration
d’une population d’un endroit vers un autre et provoqué par un
besoin souvent naturel. Comme les habitants des montagnes basses qui
descendent vivre dans les plaines durant l’hiver. Sauf que cet
Exode là n’est pas du à la nature, mais par tout autre chose qui
est venue sans qu’on ne l’attende, dévorante et détruisante,
poussant les hommes, les femmes et les enfants à quitter leurs
foyers mis en périls. Les villes et les campagnes sont alors
abandonnées avant que l’ombre ne les engloutissent pour
l’éternité. Jetés sur les routes nos ancêtres traînant avec
eux les maigres affaires qu’ils purent emporter formèrent
d’immenses cohortes qui convergèrent les unes vers les autres.
Combien étaient-ils ? Nous supposons qu’à leur arrivée en
vue de l’Atlas du croissant de lune, les survivants de peuples
autrefois florissants étaient des milliers. Je vais t’expliquer
pourquoi ce n’est que supposition mais avant sache qu’il je ne
sais pas qu’elle est l’origine exacte de cette effroyable menace
car nos prédécesseurs ont pris le soin, à tord ou à raison, de ne
plus transmettre cette information. En revanche je sais que nous
méritions cette Exode et que ce déclencheur ne provenait pas d’un
élément extérieur mais bien de nous même.
A
travers les montagnes
Les
voici face à ses montagnes qu’aucun d’entre eux ne côtoyaient à
part quelques aventureux. Les nuages inquiétants de fumées noires
et rouges couvraient les royaumes déchus poussant les fuyards vers
les pics rocheux et vers la mort. La mort rodait autour des fuyards
désespérés qui s’en trouvèrent désordonnés, dispersés, le
cœur débordant de peur. C’est là au milieu de cette catastrophe
humaine qu’un homme nommé Kheb refusa ce destin funeste. Ce nom te
dit quelque chose hein ? Il est le héros de bien d’autres
légendes que je t’ai déjà enseigné. Cet homme providentiel
redonna courage et foi à ceux qui en avaient besoin et guida tout le
monde à travers les montagnes.
Les
gravir fut difficile, éprouvant, et parfois mortel. Kheb le savait
ils étaient poursuivis par ce qu’ils fuyaient et si jamais ils
venaient à être rattrapés c’en serait fini d’eux. Prenant son
courage à deux mains il réparti ses compagnons d’infortune dans
différents groupes avec pour objectif que certains d’entre eux
arrivent à survivre. L’histoire, ou du moins la légende lui donna
raison et aujourd’hui encore, si tu es assez fou pour t’aventurer
dans les hauteurs, tu trouveras les traces du passage de ces groupes
d’ancêtres. Ce stratagème permis à beaucoup de s’en sortir,
mais montra des limites car d’autres disparurent purement et
simplement attaqués par des bêtes sauvages qui infestaient les
montagnes ou tombant des falaises escarpées.
Sacrifice
consenti
Kheb
se trompait.
Les
montagnes si elles ralentirent la menace ne l’écartèrent pas pour
autant. Resté en retrait avec ses fidèles il devait trouver une
solution. C’est à ce moment que la légende devient encore plus
fantastique qu’elle ne l’est déjà. On évoque alors la magie ou
l’intervention de forces surnaturelles qui aida Kheb et ses
fidèles.
Etait-ce
une bénédiction ou bien une malédiction qui fut lancée ? Peu
importe à présent car cela fonctionna, cependant le prix à payer
fut les vies de ces courageuses personnes. Aucun d’eux ne parvint à
rejoindre la terre de Ciùn et à part Kheb aucun nom n’est resté
dans nos mémoires. Pourtant nous leur devons la vie et à ce que
l’on raconte ce seraient eux qui rôderaient dans les montagnes
pour écarter la menace qui pourrait encore à se risquer jusqu’ici.
Cette
terre qui s’offre à nous
Peu à
peu les groupes parvinrent à sortir des montagnes, c’était la fin
d’un long et éprouvant voyage et le début d’une nouvelle ère
de paix. Devant eux s’étendait à perte de vue une terre vierge de
la présence des hommes. Elle fut nommée terre de Ciùn, tu sais ce
que veux dire Ciùn j’espère ? Oui cela signifie bien
croissant de lune dans une des langues de nos ancêtres. C’est l’un
des rares mots que nous utilisons encore.
Cette
légende se finie fini bien, les hommes sont sauvés d’une
destruction certaine. Mais l’histoire ne se répète-t-elle jamais
Séverin ? Nous savons l’un comme l’autre que oui.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire