mercredi 13 mai 2015

Histoire de Ciùn 1 : L’Exode

Au crépuscule de ma vie, il est temps mon cher Séverin d’aborder la dernière des légendes concernant notre civilisation. En tant que Bumbog, tu te dois de perpétuer ce que m’ont légué nos prédécesseurs. Et, si je te la raconte en ce jour, ce n’est pas parce que tu n’en étais pas digne, au contraire, ni même parce que cette histoire n’est pas importante. Mais en raison de la tradition de notre ordre. J’avoue avoir un problème envers cette procédure qui nous impose de terminer notre service de Bumbog par cette légende car beaucoup d’entre nous sont morts sans l’avoir transmise. A ma connaissance, il ne reste qu’une poignée d’entre nous au fait de cet événement fondateur de notre civilisation que nous appelons Exode.

Le déclencheur

Je vais commencer par le commencement et donc par une révélation. Nous autres habitants de la Terre de Ciùn ne sommes que des expatriés, des fugitifs. Oui, tu as bien entendu : nous ne sommes pas originaires d’ici mais d’au-delà de l’atlas du croissant de lune, de pays dont nous avons même perdu les noms. Je pourrais bien dire le sacro-saint « Il était une fois », mais nous ne sommes pas là dans un conte de fée Séverin mais plutôt dans la dramaturgie d’une histoire sombre, d’un passé douloureux. Quand cela s’est-il passé ? Je n’ai pas la réponse exacte à cette question, mais j’aurais tendance à dater le déclencheur à deux siècles, mais l’important n’est pas le moment, mais la nature. Le nom du phénomène est limpide, l’Exode, une migration d’une population d’un endroit vers un autre et provoqué par un besoin souvent naturel. Comme les habitants des montagnes basses qui descendent vivre dans les plaines durant l’hiver. Sauf que cet Exode là n’est pas du à la nature, mais par tout autre chose qui est venue sans qu’on ne l’attende, dévorante et détruisante, poussant les hommes, les femmes et les enfants à quitter leurs foyers mis en périls. Les villes et les campagnes sont alors abandonnées avant que l’ombre ne les engloutissent pour l’éternité. Jetés sur les routes nos ancêtres traînant avec eux les maigres affaires qu’ils purent emporter formèrent d’immenses cohortes qui convergèrent les unes vers les autres. Combien étaient-ils ? Nous supposons qu’à leur arrivée en vue de l’Atlas du croissant de lune, les survivants de peuples autrefois florissants étaient des milliers. Je vais t’expliquer pourquoi ce n’est que supposition mais avant sache qu’il je ne sais pas qu’elle est l’origine exacte de cette effroyable menace car nos prédécesseurs ont pris le soin, à tord ou à raison, de ne plus transmettre cette information. En revanche je sais que nous méritions cette Exode et que ce déclencheur ne provenait pas d’un élément extérieur mais bien de nous même.

A travers les montagnes

Les voici face à ses montagnes qu’aucun d’entre eux ne côtoyaient à part quelques aventureux. Les nuages inquiétants de fumées noires et rouges couvraient les royaumes déchus poussant les fuyards vers les pics rocheux et vers la mort. La mort rodait autour des fuyards désespérés qui s’en trouvèrent désordonnés, dispersés, le cœur débordant de peur. C’est là au milieu de cette catastrophe humaine qu’un homme nommé Kheb refusa ce destin funeste. Ce nom te dit quelque chose hein ? Il est le héros de bien d’autres légendes que je t’ai déjà enseigné. Cet homme providentiel redonna courage et foi à ceux qui en avaient besoin et guida tout le monde à travers les montagnes.
Les gravir fut difficile, éprouvant, et parfois mortel. Kheb le savait ils étaient poursuivis par ce qu’ils fuyaient et si jamais ils venaient à être rattrapés c’en serait fini d’eux. Prenant son courage à deux mains il réparti ses compagnons d’infortune dans différents groupes avec pour objectif que certains d’entre eux arrivent à survivre. L’histoire, ou du moins la légende lui donna raison et aujourd’hui encore, si tu es assez fou pour t’aventurer dans les hauteurs, tu trouveras les traces du passage de ces groupes d’ancêtres. Ce stratagème permis à beaucoup de s’en sortir, mais montra des limites car d’autres disparurent purement et simplement attaqués par des bêtes sauvages qui infestaient les montagnes ou tombant des falaises escarpées.

Sacrifice consenti

Kheb se trompait.
Les montagnes si elles ralentirent la menace ne l’écartèrent pas pour autant. Resté en retrait avec ses fidèles il devait trouver une solution. C’est à ce moment que la légende devient encore plus fantastique qu’elle ne l’est déjà. On évoque alors la magie ou l’intervention de forces surnaturelles qui aida Kheb et ses fidèles.
Etait-ce une bénédiction ou bien une malédiction qui fut lancée ? Peu importe à présent car cela fonctionna, cependant le prix à payer fut les vies de ces courageuses personnes. Aucun d’eux ne parvint à rejoindre la terre de Ciùn et à part Kheb aucun nom n’est resté dans nos mémoires. Pourtant nous leur devons la vie et à ce que l’on raconte ce seraient eux qui rôderaient dans les montagnes pour écarter la menace qui pourrait encore à se risquer jusqu’ici.

Cette terre qui s’offre à nous

Peu à peu les groupes parvinrent à sortir des montagnes, c’était la fin d’un long et éprouvant voyage et le début d’une nouvelle ère de paix. Devant eux s’étendait à perte de vue une terre vierge de la présence des hommes. Elle fut nommée terre de Ciùn, tu sais ce que veux dire Ciùn j’espère ? Oui cela signifie bien croissant de lune dans une des langues de nos ancêtres. C’est l’un des rares mots que nous utilisons encore.

Cette légende se finie fini bien, les hommes sont sauvés d’une destruction certaine. Mais l’histoire ne se répète-t-elle jamais Séverin ? Nous savons l’un comme l’autre que oui.

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